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Le Grand Trail des Templiers



Je rêvais depuis pas mal d'années maintenant de me lancer dans un trail long. Habitant relativement loin des premières montagnes, il ne m'a pas été possible de m'entrainer spécifiquement pour ce genre de course. Qu'à cela ne tienne, l'envie me dévore depuis trop longtemps, j'ai donc pris la décision au début de cette année de m'inscrire pour le trail des Templiers, soit 76 km et 3500 m de dénivelé positif, pas une mince affaire...


Me voici donc avec deux grands objectifs dans l'année : l'Ironman de Nice en juillet, et ce trail en octobre.


Ma préparation pour l'Iron de Nice a été optimale et ma course s'est bien déroulée. J'entame alors en aout une phase de récupération bien méritée avant d'attaquer l'entrainement pour le trail. Mais mon corps ne l'entend pas ainsi. La reprise est difficile, les kilos sont de retour, un genou est douloureux, le cardio est haut malgré des allures basses, bref la préparation du début d'année semble complètement oubliée, et pour le coup ma motivation également...


C'est donc avec une préparation plus que légère, et peu de confiance en moi que me voilà au départ de ce trail. Objectif : atteindre au moins le ravitaillement du 48° kilomètre, et ne pas se blesser. Le précédent est à 33 km, ce qui me semble un peu court pour rentabiliser le déplacement, et le suivant est à 65 km soit une grosse marche supplémentaire à franchir qu'il me semble compliquer d'atteindre.



Départ 6h du matin, à la frontale, au milieu de 2500 autres coureurs. Je me place à l'arrière de la foule afin de ne pas être pris dans l'effervescence des compétiteurs et de pouvoir ainsi mener la course comme je l'entends, c'est à dire pépère sur le plat et les descentes et marche systématique dans les montées.


Du 0 au 22 km : Début sans forcer comme prévu. Beaucoup de monde et des sentiers étroits font que même là où j'aurais pu courir, on marche, voir on stoppe. En effet, beaucoup de bouchons dans lesquels on est littéralement à l'arrêt. Je ne m'en soucie pas trop pour le moment, tout énergie conservée est bonne à prendre. J'arrive alors au premier ravito qui est également la première barrière horaire, et là première petite frayeur, je suis à peine à 30 min de la barrière... soit environ 3h30 pour faire 22 km... Je me dit que je ne vais même pas avoir besoin d'abandonner, je vais simplement me faire sortir car hors délai. Je ne m'attarde donc pas trop et repart rapidement.



Du 22 au 33 km : Je déploie mes beaux bâtons (merci Christophe pour me les avoir prêter, c'est peu dire qu'ils m'ont été utiles) et attaque une nouvelle grosse montée. La pluie et le vent se calment et il fait chaud dans la montée. Chaleur vite disparue une fois en haut, je me mets à greloter, j'accélère alors le pas pour me réchauffer. Toujours beaucoup de monde et des bouchons ralentissent le rythme, je ne m'en plaindrais pas si seulement j'étais serein sur les barrières horaires, mais bon on est là pour profiter. Le genou commence à être douloureux, et comble de bonheur des crampes font leur apparition. J'arrive au ravito avec tous ces petits désagréments, la raison me dit de stopper là avant de me faire vraiment mal au genou, mais l'objectif initial et l'impression d'en avoir encore trop à voir me fait vite oublier cette option... Environ 5h30 de course, nouvelle barrière horaire et toujours 30 min d'avance. C'est peu, mais je prends quand même le temps de manger un sandwich et refais le plein de mes gourdes. Je suis congelé...




Du 33 au 48 km : Le genou pique, les crampes s'intensifient et p..... quand ça grimpe, ça grimpe!! Obligé de faire quelques arrêts pour m'étirer. Mais bon, les paysages sont de plus en plus beaux, malgré les difficultés je savoure pleinement la balade. Cependant, plus j'avance et plus je me conforte dans l'idée d'abandonner au prochain ravito comme prévu, les sensations ne sont pas au top, ce qui n'est pas étonnant vu ma préparation. Encore une montée rude et interminable avant de redescendre rapidement vers mon dernier ravito. Environ 8h15 de course, et toujours à 30 min de la barrière horaire. Sauf que cette fois je m'installe, je m'assois à l'abri, mange deux sandwichs, boit tranquillement et commence à discuter avec deux autres coureurs. Dans la discussion je parle des mes crampes. Alors voilà qu'un d'entre eux me file un cachet censé me les faire passer (petite pensée pour Alex et ses cachets de Sportenine). Une fois avalé, il me dit alors que je suis maintenant obligé de repartir pour rentabiliser le cachet.... c'est pas faux!






Du 48 au 65 km : Et oui, me voilà reparti. Le premier kilomètre se passe pas trop mal. Au bout du deuxième, plus de crampe, plus de douleur au genou, des sensations qui reviennent, bref je commence à prendre mon pied. Quelques sentiers un peu plus larges me permettent d'être à mon rythme, de ne plus suivre le petit train. L'euphorie monte, je "kiffe ma life"!! Les paysages deviennent majestueux, quels regrets j'aurais eu de ne pas voir ça. Je suis dans l'état d'esprit que j'attendais pour un trail, je profite pleinement du moment. Je passe les difficultés avec satisfaction, court, marche, regarde le paysage, discute un peu, bref tout va bien. Autour de moi, les visages commencent à montrer des signes de fatigues, les blessures et abandons deviennent réguliers. Et puis on discute de la prochaine et dernière barrière horaire. Et oui j'avais oublié j'ai quand même dû m'arrêter 20 min au moins au précédent ravito, mes 30 min d'avance doivent être bien entamées. On fait les comptes, et apparement ça peut passer. Enfin en vue du point d'eau servant de barrière en contre bas, regard sur la montre... c'est tendu! Finalement, barrière passée à 8 min prêt. Ouf, soulagement, je vais pouvoir aller jusqu'au bout maintenant. Déjà plus de 12h de course.



Du 65 au 69 km : soit 4 km pour atteindre le dernier ravito de la course. C'est pas loin me dis-je. Non c'est pas loin en effet, mais ça grimpe fort encore... 1h10 plus tard me voici donc au dernier ravito. Petite bergerie dans la montagne, c'est magnifique. La nuit est tombée, on ressort la frontale et c'est parti pour les derniers kilomètres.


Du 69 au 76 km : C'est roulant sur un ou deux kilomètres et les sensations sont toujours bonnes. Courir de nuit et presque seul, j'adore. De nouveau du monde et pas la place de se doubler, une descente glissante et on est au ralenti. Plus que 4 km, on attaque la dernière montée. Ca monte fort, puis vraiment fort, puis ça devient de l'escalade... On range les bâtons pour pouvoir s'aider de ses mains. Le gars à 1 m devant moi a ses pieds au niveau de mes yeux, ça grimpe vraiment et les jambes commencent à se raidir. C'est interminable... On commence à entendre la sono de l'arrivée, ça sent bon mais on en est encore loin. La montée finit, il ne reste que 3 km de descente, je me dis que c'est bientôt fini. Malheureusement, elle est raide et très glissante. Je chute trois ou quatre fois. J'ai plus de jambes. Je n'avance pas. J'ai plus de mental. Je suis sur les nerfs. Je descends à pas de fourmi. Je n'en peux plus. 1h pour descendre ces derniers 3 km, à entendre la sono se rapprocher trop lentement. La pente s'adoucit mais je ne peux plus courir, plus les jambes mais surtout plus le mental, j'en ai les larmes aux yeux. Ca y est, je vois l'arrivée, l'émotion est grande, je cours finalement sur les 100 derniers mètres. Je l'ai fait! Heureux, fier, mais ruiné... j'en pleure.




Résultat : 15h34 de course, 1837ème sur les 2500 aux départs et environ 2000 finishers. Classement pas fameux, mais objectif plus que rempli et un rêve enfin réalisé. Très belle course avec de somptueux paysages, mais malheureusement trop de monde. Si vous y allez, placez vous correctement dès le départ car le classement ne peut pas trop évoluer par la suite, les sentiers étroits sont sympas mais empêche les concurrents de se doubler.



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